Bellot du mur
Dimensions inédites, vaguement celles d'un poster d'adolescent ; cadre en bois léger déjà en partie ébréché (tu es tombé ah ah foutu visage de moi!). Le tableau hyper rectangulaire de ma caricature est accroché juste en face de mon nouveau lit et...
A-t-il remarqué quelque chose ? A-t-il senti, perçu quelque mouvement furtif s'approchant de l'annexe où je me tapis à l'abri de ma honte ?
Ses sourcils sont à la fois moqueurs et un peu inquiets. L'écriture est cette terne magie qui veut faire parler les murs.
Toi et moi, OTTO, avons au moins une chose en commun. Nous avons toujours regardé ailleurs. Nous n'avons JAMAIS regardé la réalité en face. Il n'est que justice que nous achevions notre marche en crabe, notre existence oblique, dans cette chambre annexe, puissamment lamentable et a-conjugale.
Toi et moi, portrait, faisons la paire ; sais-tu que, même si tu me ressembles un peu, version de moi plus accusée (nette), je n'ai aucune affection pour toi. Ah il est beau le narcissisme !
On t'a a offert à moi pour mon anniversaire, portrait veuf désemballé de frais parmi nombre d'êtres qui me sont chers (et une en particulier, qui m'a été chair et m'aura coûté ouchiouchi !) et, CEPENDANT, ta vue ne suscite en moi nostalgie ni joie. Je vais te faire une confidence, crétin hyperbolique, sosie pourri : depuis que j'ai réappris à vivre, je n'existe plus, c'est un torrent indécent. Tu veux ma définition actuelle, tu la veux hein, grossier personnage ? Plaie à vif entourée de chairs anesthésiées, guettant le signe blessant qui la refera saigner.
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