Cendrillon

Cendrillon
« Fallen princess, CINDER », 2017, © Dina Goldstein. Avec l'aimable autorisation de l'artiste.

lundi 3 octobre 2022

Roman
I

On n'est pas sérieux quand on a cinquante ans.
- Un beau soir, loin des rites et de la promenade,
Des foyers apaisés au luxe rassurant !
- On part sous les aulnes noirs de la débandade.

Les aulnes sentent fort dans les soirs de juillet !
L'air est parfois si chaud, qu'on snobe la chaumière ;
Le foehn si chargé de bruits - le vice est tout près -
Prend des relents de guigne et d'échos mortifères...

II

- Voilà qu'on envisage un tout joli chiffon
De rouge, surplombé d'une petite mèche,
Lesté d'une rose qui tortille du con
Paré de doux frissons, pour qu'on hume et qu'on lèche...

Nuit de juillet ! Demi-siècle ! - On se laisse jeuner.
Sa sève est un tord-boyau qui prend à la gorge...
On délire ; on se sent dans l'esprit un acier
Qui fume et rougeoie là, comme arraché aux forges !

III

Le coeur fou bovaryse à travers des romans,
- Lorsque, dans l'obscurité d'un innocent lycée,
S'allonge cette dame aux désespoirs charmants,
Sous les auspices spécieux d'un mariage âgé...

Et, comme elle vous a trouvé superbement sage, 
Tout en faisant cliqueter ses ongles nacrés
Elle sourit, se tourne et vous ouvre son corsage...
- À votre doigt s'éteint alors l'anneau sacré...

IV

Vous êtes langoureux. Ranimé jusqu'au mois d'août.
Vous êtes langoureux - vos pastiches la font rire.
Vos amis tiquent, vous ne valez plus un clou.
- Puis l'adorée, un jour, daigne vous convertir... !

- Cette année-là... - on vous revoit dans un foyer
Au luxe rassurant, aux vertes promenades...
- On n'est pas sérieux, passé cinquante étés,
Lorsqu'on aime l'aulne noir de la débandade.


"Pastiche IV", OS, Saint-Lager, 3.10.22.

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