Une nouvelle peu opératique !
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Cristina Marsillach dans "Opera" (1987) de Dario Argento |
"Cosi fan tutti"
Il n’aurait jamais cru qu’elle reviendrait. Pas à l’auditorium. Pas pour Mozart – encore moins trois ans plus tard. Mais les femmes sont ainsi faites. Elles aiment qu’on les aiment. Les hommes aimant aimer, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Il ne l’avait pas rencontrée à
l’auditorium, mais à quelques pas, dans l’amphithéâtre annexe qui avait été
naguère conçu pour les concerts en plein air ; l’été, depuis, le lieu
servait de boutique à sandwichs pour les employés du centre commercial.
Quelques pas, mais tout un monde, en effet. C’était la première question qu’il
lui avait soumise, aimez-vous Mozart ? La grande musique ?
L’Allemagne romantique de Goethe ? Les véristes ? L’Italie des amours
impossibles ? Verdi ? Puccini ? Donizetti ? Elle s’était essuyé
la bouche, où demeurait encore une larme de mayonnaise, et avait levé les yeux
vers lui, la main en visière parce que malgré sa peau brune, il s’aperçut
qu’elle avait les yeux clairs, presque jaunes.
Ne
vous fiez jamais à la femme solitaire. Elle peut cacher un amour, des amants ou
un cœur aussi dur qu’une dalle en béton.
Ce
n’était apparemment pas son cas.
« J’aime
un peu tout. »
Voici
ce qu’avait répliqué la gueuse.
La
scélérate.
« Qui
aime tout, n’aime rien », avait-il souri, déjà agacé par tant de
nonchalance sur un sujet qui lui tenait tant à cœur.
Elle
avait souri à son tour. Elle se moquait de lui. Il le voyait bien. Elle
s’imaginait : quel est ce fat qui se donne de grands airs ? Est-il
Faust ? Est-il Tristan ? Roméo ou Arlequin ?
Contre toute attente, elle avait précisé sa pensée :
Contre toute attente, elle avait précisé sa pensée :
« Ok,
c’est maladroit. Je voulais dire... j’apprécie certains styles musicaux, sans
être spécialiste. »
Il
en avait eu le souffle coupé.
Il
était fait. Comme un rat.
Aussi
il avait dégainé le carton qui patientait dans la poche intérieure de sa
veste :
« J’ai
une place en trop pour ce soir. Mozart.
-
Cosi fan tutte ?
-
Comment le savez-vous ? »
Elle
lui avait montré du menton le kakemono immense qu’on avait déployé sur le front
de l’auditorium, afin de convertir les derniers irréductibles, et il lui avait
bien fallu admettre, quand même, qu’il avait été ridicule. Il s’était
esclaffé :
« Soit.
Je vous l’accorde. L’opéra s’est considérablement démocratisé ! Qui
oserait s’en plaindre ! »
Elle
l’avait dévisagé et avait poursuivi ses mastications – bouche close, sinon il
aurait pris congés. Quel âge pouvait-elle avoir ? Elle avait
dégluti :
« Vous
la vendez combien ?
- Le
rideau se lève à sept heures mais, comme vous le savez sans doute, il est
conseillé d’arriver une demi-heure plus tôt. Surtout si nous prenons une légère
collation. La cafeteria est très correcte. Les pâtisseries, notamment, sont
excellentes ! »
Elle
s’était lentement essuyé les lèvres de sa serviette en papier, puis avait lâché
sans relever la tête, tout en glissant le papiers gras dans sa chemise en
plastique :
« Je
ne vous ai pas dit oui. Je vous l’ai dit ? »
De
nouveau, elle se moquait…
« Nous
serons bien placés. Vous connaissez le prix de la place n’est-ce pas
? »
Il
sut aussitôt qu’il avait commis un impair. Elle avait haussé les épaules. Elle
se levait. Elle partait. Elle avait un joli derrière, un peu petit, mais
rebondi.
Il
l’avait laissé s’éloigner, s’éloigner encore, puis, juste avant qu’elle ne rentrât dans le centre commercial, l’avait rattrapée, et avait feint de lui retenir le bas.
« Venez,
je vous en conjure ! Acceptez mon offre, elle est pure ! »,
s’était-il écrié.
Il
avait posé le genoux à terre, la main sur le front.
« Après
tout, c’est un opéra bouffe ! » lui avait-il rappelé en se relevant et
époussetant ses pantalons.
Elle
avait éclaté de rire.
Ce
soir-là, elle était arrivée un quart d’heure en avance. Soit avec un quart
d’heure en retard. Son bus, depuis la banlieue, suivait à l’en croire des
horaires erratiques. Elle s’était pomponnée un peu, point trop. Il devait
reconnaître que, pour une fille de sa condition, elle n’était pas sans charme
ni prestance. Mieux que tout, mademoiselle portait une jupe. Sobre, efficace.
Le noir, c’est un fait, sied aux belles pièces dont on connaît la fin.
D’emblée,
la belle eut l’air peinée qu’il n’y eût pas de mise en scène, de costumes,
qu’il y eût « juste » l’orchestre et le chant. Elle qui aimait
tellement les décors, les pierreries et les tissus chamarrés…
Dans
une certaine mesure, il la comprenait. Ce pauvre Cosi fan tutte avait bien piteuse mine dans ce minimalisme snob qui, par
excès d’économie, lui donnait des airs de Requiem et de Grande Messe. Mais trop de couleurs lui donnaient la migraine. Et il
venait pour la musique.
Pour celle des jupes
qu’on rabat et des cuisses qui se croisent, des robes qui se plissent et des
décolletés qui bâillent, pour le parfum musqué que dégagent les nuques nues
quand les chignons sont suffisamment relevés. Le jeu souple du pied dans
l’escarpin trop voûté était son petit Paradis ; la promiscuité avec
l’élégance et la sensation de vivre dans un espace immortel qui n’avait pas
pâti, du moins en apparence, de l’avanie du siècle… Il entrait ici tel un lion
sur la piste – à pattes de velours.
Feutré,
toujours.
« Vous
êtes abonné ? », avait-elle remarqué déjà, la coquine, devant le
guichet.
Bien
sûr, qu’il l’était. Pourquoi arborer cette moue déconfite ?
Pour
la châtier, il n’avait plus proféré la moindre parole jusqu’à l’ouverture. Il
avait bien fait. L’inconfort de se retrouver dans cet endroit chic près d’un
étranger mutique l’avait fait se trémousser sans cesse, répandre innocemment
ses sucs un peu tout autour de son être. La pauvre était si nerveuse. Son pied
battait la chamade. Il s’était penché vers elle et s’était platement excusé au
creux de son oreille. Avant de reprendre son air digne, indifférent.
A
l’entracte, après le premier acte, elle s’était levée et lui avait fait une
vraie scène, à la stupéfaction générale. Elle partait. Il était un goujat (dieu
que ce mot sonnait mal dans cette bouche). Comment se permettait-il de la
traiter ainsi, comme une moins que rien ? Il ne la connaissait même...
« Le
livret l’exige. »
Voilà
ce qu’il lui avait répondu.
La
dame était restée sans voix. Elle s’était rassise.
Il
avait ensuite pris la plus douce qu’il avait pu : ne connaissait-elle pas
le livret de Da Ponte ? La constance n’existe pas. Seule la passion et son chaos règnent sur le monde. Or lui ne
souhaitait pas la conquérir. Non. Ce n’était pas là le dessein qu’il
poursuivait. Il était très désolé si chez lui un geste, un mot, avait entraîné
cette méprise. Elle avait sans doute un petit ami qui l’attendait quelque part.
Quelqu’un de moins ennuyeux. De plus gai et plus moderne. Tout ce qu’il
désirait, c’était de partager avec quelqu’un cette émotion rare qu’il
éprouvait… Il le connaissait si bien ! Il l’avait vu quoi treize, quatorze fois
cet opera maxima. Ce magnum
opus. Il était allé jusqu’à Venise, jusqu’à
Florence pour l’applaudir. Ne s’était-elle pas aperçu, de son côté, que rien
n’importait davantage dans sa vie que la grande mu… Elle avait plaqué l’index,
intriguée, ou lasse, sur ses lèvres.
Elle
était restée.
Il
avait attendu la fin de l’Acte 2 pour lui faire la cour. Il s’était montré
délicieux et l’avait invitée à dîner dans un restaurant charmant qui servait
tard. Elle avait raté le bus ? Qu’importe ! Il la reconduirait. Il
était garé là-bas. Oui, cette voiture. Un peu voyante, certes. La Wagner des
berlines.
Il
avait profité des lueurs des chandelles pour lui ouvrir son âme, avouant qu’il
n’avait jamais pu s’empêcher de saborder une relation avant même qu’elle
naquît. C’était une tare, un vice, il le reconnaissait. D’avoir grandi avec une
mère, peut-être. A l’école (malgré quelques conquêtes), on l’avait toujours
pris pour un inverti. Aucun enseignant n’avait jamais pris le risque de
défendre, par crainte de la rumeur. Si elle le lui permettait, il la reverrait.
Il
tenterait, de son côté, d’apaiser ses angoisses, ne se donnerait plus de grands
airs, ne revêtirait plus d’armure. Il prendrait le risque. Oui, il le
prendrait ! Rien que pour elle !
Car
non il ne croyait pas, comme ce jeune idiot d’Alfonso, que « le cœur d’une
femme pût changer d’amour mille fois par jour ». Il pensait justement le
contraire : que tout amour présentait le risque de durer, fût-ce le plus
étrange ; peut-être était-ce justement cette crainte qui le terrorisait.
Il se sentait seul.
Elle
l’avait dévisagé et, pour la seconde fois de la journée, avait souri.
Il
l’avait revue.
Souvent.
Puis de façon un peu plus espacée, forcément.
Plusieurs
fois à l’opéra, ils l’avaient fait et refait, pour tour à tour infirmer et
confirmer les craintes qu’ils éprouvaient de se laisser rattraper par la vie.
Soit à l’entracte, soit pendant la représentation, entre deux rideaux à
festons, souvent dans les toilettes dames du second balcon que, seules les plus
âgées, sourdes ou assourdies, s’abaissaient à réserver ; une nuit, après avoir
pris des coupes de Champagne, ils étaient parvenus à s’introduire dans la salle
– grâce à la complicité monnayée d’une placeuse de sa connaissance. Ils se
dévêtirent et firent l’amour sur la scène, dans un noir pudique et un silence
mystique, entourés des craquements des fauteuils invisibles, du faible
bourdonnement des sorties de secours luisant devant eux tels des vers à soie
géométriques. Il sut se montrer doux, patient, anticiper ses requêtes dans la
pénombre. C’était important pour elle, il le sentait, et l’affaire n’en était
que plus intéressante – il n’y a parfois qu’un pas du sublime au ridicule. Il
fut parfait, elle se pâma au moment de l’orgasme, dans le spasme harmonique
d’un Dies irae (un autre soir elle avait
joui dès l’introït, coïncidence qu’il avait trouvée piquante).
J’ai
l’impression de vivre, Stan, de vivre quelque chose de grand... voilà ce qu’elle lui avait chuchoté ce soir-là
après s’être rhabillée, un peu ivre, se tenant piteusement à son coude pour se
rechausser. Quelque chose de long, de noble et d’insensé…
Il
opina du chef. Il voyait très bien : d’hors du commun.
Mais,
mon dieu, qu’est-ce qui ne l’était pas, aux yeux d’une pucelle ?
Et,
trois ans plus tard, elle était de nouveau là. Cosi fan tutte. Feignant ne pas l’avoir aperçu parmi la foule. Il se
tourna rapidement et, d’une brève pression, se rafraîchit l’haleine.
Il
l’avait re-contactée une semaine plus tôt, davantage par ennui que par envie,
l’avait poliment laissé fixer la date de leurs « retrouvailles » – il
ne connaissait que trop son orgueil de plébéienne, ses beaux rêves
d’indépendance. Comme prévu, elle avait insisté pour payer sa part, choisir la
place (ce qui l’arrangeait). Au téléphone sa voix, jadis mal dégrossie, lui
avait paru changée. Moins enjouée, plus terne, presque atone. En retour il lui
avait promis qu’il ferait tout pour ne pas connaître le programme, ce soir-là,
avant de la revoir, et, bien sûr, il avait menti. Et souri en voyant sur le
dépliant qu’ils donnaient Don Giovanni.
Il l’avait pris comme un compliment. Pourquoi nier ?
Ce
fut d’ailleurs ce qu’elle confirma après qu’il fut allé à sa rencontre :
elle ne venait pas en oie blanche. S’était fait une raison. Puisque tous les
hommes étaient ainsi. Sans oser la
contredire, il l’avait benoîtement suivie jusqu’au dernier rang, au second
balcon. Elle n’avait fait aucune remarque en le voyant ranger dans sa veste sa
carte d’abonnement.
Elle
ne lui en tenait pas rigueur, dit-elle en prenant place au milieu de la
rangée vide :
« Tu
m’as fait connaître tant de choses ! »
Il
y avait alors eu quelque chose dans sa voix… Qui n’était pas de l’admiration,
ou de la reconnaissance. Elle était en noir, comme au premier jour de leur
rencontre. Toute tragédie, lyrique ou domestique, mérite son tailleur. De
location ou non. Autre détail, qui l’avait frappé, outre le parfum et ce rimmel
un peu prononcé : ces deux gros bracelets laqués et noirs qu’elle portait
et qui, contre toute attente, lui donnaient un air… primitif ? Sauvage ?
En
trois ans elle n’avait pas pris de poids, bien au contraire. Sa silhouette
s’était même affinée. Son visage était devenu dur, plus osseux. La tragédie
dessèche où le drame bourgeois engraisse (et engrosse !) – du moins
était-ce son opinion : la maigre glisse lentement vers la mort et la grosse
la subit. Nul n’y peut rien ! Notre relation n’aurait pu durer, Aïcha,
insista-t-il dans un murmure, en posant sur son genou une paume conciliante. Il
avait eu le sentiment, il pouvait le lui avouer désormais, qu’il l’avait
« épuisée ». Leur relation. Il était parti au bon moment. Ainsi, rien
ne s’était dégradé. Tout, dans leur mémoire, était resté beau, et triste, et
inéluctable. Indicible. Il en avait gardé un merveilleux souvenir. Pour cette
seule raison, peut-être, il avait voulu la revoir...
Aïcha
hocha la tête en signe d’assentiment.
Le
spectacle commençait.
Il
la regarda. Il la trouva plus belle. Plus affûtée. Quasi pâle. Dès l’introït,
il lui glissa, comme en hommage au passé, discrètement la main sous les fesses
et à aucun moment elle ne protesta. Elle ramassa bientôt la besace informe qui
lui tenait lieu de sac à mains et la posa sur ses cuisses, moins pour faire
barrage à ses avances que pour leur offrir un paravent idéal. En dessous il
remontait petit à petit sa jupe, centimètre par centimètre, distraitement -
un satin bon marché. Au milieu du premier acte, il la lui avait retroussée
jusqu’à l’aine tandis que son petit poing à elle palpait la bosse dans son
pantalon, accélérant la montée du sang.
Sans
savoir pourquoi le bruit entrechoqué de ces deux bracelets, surtout,
l’enflammait. À un moment il ne put s’empêcher d’y porter la main, pour les
toucher ; ce fut la seule fois où elle le rembarra. Il lui donna alors du
Musset dans l’oreille :
« C’est
qu’on trompe et qu’on aime / C’est qu’on trompe en riant »
Ah
il avait envie de l’embrasser, cette colombe toute encorneillée, cette
« Elle », cette étrangère, de lui picorer le bec, de ne lui refuser
aucune des faveurs qu’il réservait d’ordinaire à...
Était-ce
l’effet de la musique ? Il commençait presque à l’apprécier…
Il
s’était agenouillé et lui embrassait la cheville qu’elle avait plongée entre
ses cuisses quand retentirent les applaudissements saluant la fin du premier
acte. Elle se redressa un peu, tira sur sa jupe. Les yeux fixés sur la scène
comme si le spectacle continuait. Il se recoiffa - son peigne en corne de le
quittait jamais.
Elle
ne prétendit pas quitter son siège et lui demanda d’aller lui chercher un
Orangina, sa boisson favorite (Aïcha ne buvait pas d’alcool). Il attendit un
peu avant de se lever. Quand il revint, elle reçut la cannette sans lui
accorder un regard. Elle ne s’était pas rechaussée, en revanche.
Alors
il comprit.
Elle
lui jouait sa propre partition.
Soit.
L’acte
deux commençait.
Elle
se penchait déjà, reprenant son sac sur les cuisses et, sous la lumière
rapidement déclinante, il crut distinguer une fine ligne mauve entre les
bracelets, courant sur son poignet. Ses mâchoires, encore plus qu’avant
l’entracte, lui semblaient crispées. Il dut enfin s’enquérir de ce qui la
tourmentait.
« Quand
je t’ai rencontré, Stan, je ne savais même pas ce que c’était un opéra, lui
dit-elle. Je croyais que la musique qu’on entendait de dehors était
enregistrée... »
Puis,
dans un murmure de biais :
« Quand
tu m’as plantée, je n’ai plus jamais cessé d’en écouter. Jour et nuit. »
Il
sourit.
Oui,
il en était fier.
Il
tâcher de se concentrer un instant sur la tragédie qui se jouait devant lui.
Mais au fond de lui, il bouillonnait, se pâmait. Cette femme avait souffert.
Cette femme avait appris. Cette femme, à présent, le comprenait. Il avait une
amie.
Qui
l’observait. Calmement.
Les
yeux secs.
Sa
camarade de douleurs… Sa mie.
Il
lui prit la main, la pressa doucement dans la sienne, et elle la porta sur son
sein, qu’elle avait menu. Dessous, un cœur battait à tout rompre. Le bracelet
glissa, découvrant une autre strie, plus haute, mais plus pâle, plus renflée.
« Penche-toi !
» lui intima-t-elle d’un chuchotement si ténu qu’on aurait pu croire que cela
n’émanait pas de son visage mais de quelque haut parleur.
Elle se laissa
légèrement glisser au bord du fauteuil et, selon un rituel qu’ils avaient
maintes fois observé par le passé, écarta un peu les genoux, comme à l’orée
d’un croisement de cuisses d’entretien professionnel qui se serait interrompu
sur sa lancée…
Il
était ému.
Cosi
fan tutti, marmonna-t-elle.
La
scuola degli amenti, ajouta-t-il, tout à
son effeuillage.
Sur scène, la statue
du Commandeur tendait la main à Don Giovanni, mais, tous deux le savaient,
celui-ci la lui refuserait. Don Giovanni ne demandait pas pardon. C’était
ainsi. Là résidait la grandeur du livret. La scène, brusquement, lui apparut
sous un nouveau jour, dans sa simplicité, dans toute sa folle simplicité :
si Don Giovanni s’était repenti, ils ne se seraient jamais rencontrés...
Quelque chose en la femme répondait à ce quelque chose qu’il y avait en
l’homme. Le comédien semblait excellent. Il voulut regarder encore mais elle
appuya sur sa nuque, l’incitant à se pencher plus bas encore. Sous ses collants,
l’effrontée ne portait pas de culotte et sa toison formait une large araignée
sous la maille. Il rit, d’un gloussement étouffé. Elle s’inclina à son tour,
suffisamment pour pouvoir poser ses lèvres sur sa nuque.
« Je
t’aime Stanley », dit-elle en lui baisant l’échine.
Quelque
chose de lumineux s’échappa de son sac, une chose dure, fine qui s’enfonça dans
la gorge de Stan dont la vue se troubla – à aucun moment il n’essaya de se
soustraire à la lame, ni de ravaler la salive qui gargouillait au fond de sa gorge.
À
peine vit-il cette petite chose chaude et humble couler en abondance, venue de
nulle part, et qui se confondait si bien avec le velours du fauteuil.
Fin
O.S. le 20/07/2011
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