Cendrillon

Cendrillon
« Fallen princess, CINDER », 2017, © Dina Goldstein. Avec l'aimable autorisation de l'artiste.

mardi 11 septembre 2018

DICO

Rions ensemble (2) : une notice initialement prévue pour Le Dictionnaire de la mort (Larousse, coll. In Extenso, 2010)...

Death metal
La naissance de ce sous-genre radical de heavy metal pourrait bien être liée à un… décès. A la fin de l’année 1983, à San Francisco, jadis berceau du Flower power, un adolescent nommé Barry Fisk, 17 ans, chanteur d’un groupe de metal anonyme, se tire une balle dans la bouche par dépit amoureux. Son suicide conduit ses membres à le remplacer par un certain Jeff Becerra, jusque là bassiste. Ce dernier, influencé par la voix rocailleuse d’un autre chanteur bassiste bien plus célèbre, Lemmy Kilmister de Motörhead, ajoutera au tempo rapide et à la dominante sataniste alors en vogue sur la côte ouest un type de chant guttural et caverneux qui en constituera la pierre angulaire. La démo que la formation, entretemps rebaptisée Possessed, sort en 1984, intitulée « Death metal », suit toutefois d’un an celle d’une autre démo, « Dead by metal » du groupe américain Death, originaire d’un autre Etat du soleil, la Floride, et coïncide avec la sortie, en Europe cette fois, d’une compilation de groupes de speed et de thrash metal allemands appelée « Death metal » - qui n’a d’ailleurs de death metal que le nom.
Il faudra attendre 1987 pour voir arriver le premier album d’un genre à part entière, « Scream bloody gore » de Death, avec tout ce qui fait sa singularité : chant guttural (le « growl » ou « Cookie Monster vocal », en référence au doux timbre de voix de la marionnette éponyme de Sesame Street), guitares rythmiques accordées en ré plutôt qu’en mi, double grosse caisse, percussions rapides, chant narratif et descriptif, primauté accordée aux gammes mineures harmoniques plutôt qu’aux mélodiques... Et bien sûr, un seul thème : la mort.
Si la Faucheuse a toujours été un des thèmes favoris des groupes de hard rock (de Black Sabbath à Slayer en passant par Iron Maiden), sa fascination constitue l’unique source d’inspiration des formations de death metal, notamment dans ses manifestations physiologiques, putréfaction, spasmes d’agonie, rigor mortis et autres joyeusetés tournant autour de la charogne, ainsi que l’attestent certains noms de groupes : Carcass, Pestilence, Cannibal Corpse… Là où son faux jumeau, le black metal, plus rapide, d’origine anglaise, souvent sans voix « growlée », et adepte de « corpse painting », préfère se vouer à Satan ou aux mythes païens. Pour cette raison, l’imagerie adoptée par le death metal est plus « gore » (voire article) et cinématographique que métaphysique, notamment à travers sa prédilection pour les tueurs en série, même si certains groupes, à l’image de Death, développeront un embryon de philosophie nihiliste déjà ardemment couvé par le mouvement gothique. Si l’athéisme y est souvent revendiqué (Atheist ou Nihilist sont des piliers du genre), il ne pourra empêcher l’éclosion ultérieure, mais rare, de groupes de death metal chrétiens comme Mortification ou Living Sacrifice.
Cette musique extrême, qui a connu son heure de gloire au début des années 1990 avec son explosion en Suède, perdra le 13 décembre 2001 un de ses géniteurs en la personne de Charles « Chuck » Schuldiner, décédé d’une tumeur au cerveau.
Olivier Saison

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