Dans un trou sans fond
Tombèrent les souvenirs, nos prénoms et la petite musique de tes rires
Vers le ciel
S'éparpillèrent en gloussant les étoiles fanées des séjours réciproques
Les murs sont redevenus durs
Le sol est en friche
Dans ces herbes folles des fleurs s'annoncent
D'une couleur inédite
Trop fade encore, mais bientôt vive
Effrayant le museau de l'herbivore
Scintillant encore des jours d'eau fraîche
Et digérant en silence les derniers reliquats
Du pré passé où ses sabots l'avaient mené
Mâche, mon coeur
Déglutis l'ancien foin
Que tu ruminais sans penser
Puissent de nouvelles fermes
Accueillir tes failles et les mouches autour de tes yeux
Tes bouses et tes lents mugissements
De bête à cornes au pas pesant
Un soir de crépuscule, tu lèveras le col vers Vénus
Et sentiras sous ta gorge cicatrisée
Le doux bois d'une étable
Où une nouvelle vachère t'aura trait
Entretemps savoure l'amertume faiblissante des vieilles pousses
Un jour, Mars t'oubliera, et tu regretteras ce puits
Au fond duquel tes souvenirs rouillés se sont endormis,
Cette prairie en friche, ces balles de paille asymétriques
Et le beau sifflement des vent de souffrance.
Paître n'est jamais paisible sur la terre de l'espèce.
Saint-Lager, le 6.11.2025.
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